Lundi soir, Donald Trump a lancé une annonce aussi spectaculaire que soudaine : l’Iran et Israël auraient accepté un « cessez-le-feu complet et total », censé entrer en vigueur mardi à 4h00 GMT, et marquerait selon lui « la fin officielle de la guerre ». L’ancien président américain, qui se pose à nouveau en faiseur de paix, n’a mentionné ni médiateur ni détail logistique. Pourtant, à peine la déclaration publiée sur Truth Social, les démentis n’ont pas tardé à fuser.
Citant un haut responsable iranien, CNN affirme que Téhéran n’a reçu « aucune proposition de cessez-le-feu ». Pire : les déclarations israéliennes et américaines sont qualifiées d’« astuce », une manœuvre pour légitimer de nouvelles frappes. « En ce moment même, l’ennemi attaque l’Iran », a ajouté ce responsable, réfutant catégoriquement tout accord.
Mais à quelques heures d’intervalle, un autre récit, tout aussi crédible, a émergé. Selon Reuters, l’Iran aurait bel et bien donné son feu vert à un cessez-le-feu, grâce à une médiation discrète mais déterminante du Qatar. C’est le Premier ministre qatari lui-même qui, au cours d’un appel avec les dirigeants iraniens, aurait obtenu leur accord sur une proposition américaine. Des médias israéliens abondent dans ce sens, affirmant également que le Qatar a joué un rôle clé dans l’élaboration de la trêve.
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Ce décalage apparent entre le discours officiel iranien et les fuites diplomatiques traduit moins une contradiction qu’une tension interne au sein du pouvoir iranien. Il est probable que les branches politiques et militaires du régime ne parlent pas d’une seule voix, encore moins lorsqu’il s’agit de reconnaître publiquement une entente, même temporaire, avec Israël ou les États-Unis. Accepter une trêve, c’est admettre un recul. Le faire en silence, c’est tenter de préserver la façade d’un État en position de force.
Quant à Trump, son annonce ressemble davantage à une prise de position politique, à mi-chemin entre initiative personnelle et récupération stratégique. En pleine recomposition régionale, où chaque mot devient arme, chaque négociation se fait à couvert et chaque bombe pèse plus qu’un tweet, la réalité est incertaine. Ce qu’on appelle « cessez-le-feu » pourrait bien n’être qu’une pause tactique, un écran de fumée diplomatique ou le prélude à une nouvelle phase, plus souterraine, du conflit.
La seule chose certaine, c’est que pendant que les dirigeants parlent de paix, des missiles continuent de tomber. La guerre, elle, n’a pas encore signé l’armistice.